Les taux de fret maritime sur le transatlantique ont plutôt bien résisté au premier trimestre, comme l’illustre l’évolution sur la ligne Anvers-Norfolk (sur la base d’un conteneur 40’ dry HC en port à port, THC incluses). Mais la crise économique qui foudroie les États-Unis suite à l’épidémie de coronavirus change la donne.
Partons pour une petite "promenade" transatlantique cette semaine, après plusieurs mois d’hyper focalisation sur la Chine, crise du Coronavirus oblige.
Premier constat fort : la résistance du segment des vins et spiritueux aux mesures de rétorsion de l’administration américaine a été supérieure aux attentes, grâce aux efforts rapides et conjugués des filières d’approvisionnement et de distribution. On peut aussi associer à ce succès les prestataires logistiques historiques de ce secteur très particulier. Ils ont su s’adapter très vite, y compris après les grèves de l’hiver dernier qui ont notamment touché Le Havre, un port stratégique pour ces flux. Au final, selon nos informations, les volumes de vins et spiritueux entre l’Europe du Nord et la Côte Est des États-Unis n’auraient diminué que de 5% à 10 % en au premier trimestre comparé à l’an dernier, ce qui est assez remarquable dans le contexte.
Deuxième constat : historiquement très ajustée, l’offre de capacité sur cet axe est restée contenue au premier trimestre 2020, avec des volumes au rendez-vous. Cela a permis aux compagnies maritimes de maintenir leurs taux voire de pouvoir les augmenter légèrement, comme le montrent les données de notre base Upply.
Source : Upply
Un scénario probable de réduction de capacité
Il convient toutefois de rester vigilant quant à un éventuel effet boomerang à la fin de printemps, qui semble d’ailleurs déjà se dessiner. Le taux de chômage record de 14,2% enregistré aux États-Unis en avril va peser inévitablement sur la consommation de ces produits français positionnés sur le moyenne gamme supérieure et le haut de gamme. Le consommateur américain a évidemment d’autres priorités, et les distributeurs n’ont plus de marge de manœuvre sur les prix en raison des efforts déjà consentis pour faire face aux dernières surtaxations.
Le marché des taux de fret transatlantique risque d’en souffrir particulièrement dès le début de la période estivale, à moins que des plans drastiques de réduction de capacité ne soient déployés en juin au départ d’Europe. Ce scénario est fort probable, étant donné la discipline globale constatée actuellement du côté des compagnies maritimes sur l’ensemble des marchés du transport conteneurisé.