Les États-Unis et l'Union européenne ont fait un pas de plus vers la résolution de leurs différends commerciaux. Une suspension des droits de douane additionnels a été accordée à la fois sur le dossier des avions gros porteurs et sur celui sur l'acier et l'aluminium.
Un certain nombre de décisions intervenues durant les mois de mai et juin 2021 apportent incontestablement des signaux très positifs quant à l’évolution de la relation commerciale entre l'Union européenne et les États-Unis.
- Le 17 mai, l’UE a annoncé qu’elle suspendait pour six mois l’application de droits de douane additionnels sur certains produits américains, qui devaient entrer en vigueur le 1er juin 2021 en riposte aux droits de douane sur l'acier et l'aluminium imposés par l'administration Trump. Les deux parties ont pour objectif de trouver une solution d'ici la fin de l'année.
- Un mois plus tard, le 15 juin 2021, l'UE et les États-Unis sont parvenus à un accord concernant leur différend sur les avions civils gros porteurs, avec l’ambition de tourner la page de ces 17 ans de conflit en élaborant “une plateforme de collaboration tournée vers l'avenir pour aborder les questions bilatérales ainsi que les défis mondiaux”. L’accord a également étendu à cinq ans la suspension initiale de quatre mois décidée en mars sur les droits de douane additionnels appliqués sur certains produits depuis 2019 et 2020 en raison de ce conflit (15% sur les aéronefs et 25% sur les biens non aéronautiques).
Ces avancées bénéficieront notamment au secteur agricole et alimentaire, qui a été le plus durement touché par les différends commerciaux transatlantiques.
Une nouvelle stratégie
Ces récents progrès témoignent d'un redémarrage de la relation commerciale transatlantique sous l'administration Biden. Ils sont également en phase avec la stratégie du nouveau président visant à renforcer la résilience de la supply chain américaine : elle s’appuie en particulier sur une collaboration avec les alliés dans des domaines critiques, tels que les batteries pour véhicules électriques. Dans le droit fil de cette approche, un nouvel organe institutionnel a également été créé, le Conseil du commerce et de la technologie UE-États-Unis, illustrant un effort conjoint pour relever les défis de la chaîne d'approvisionnement.
Enfin, les avancées récentes servent la stratégie de l'administration Biden visant à se positionner face à la Chine en unissant les alliés et les pays partageant les mêmes idées. Les déclarations conjointes sur les différends relatifs à l'acier et à l'aluminium ainsi qu’aux avions gros porteurs ont implicitement évoqué la Chine, en soulignant l'effort collectif pour lutter contre les comportements déloyaux et les distorsions du marché. On retrouve une allusion similaire dans la dernière déclaration du G7.
Toutefois, il faut être conscient que les intérêts de l'UE et des États-Unis ne sont pas totalement alignés. Ainsi, il sera difficile de trouver un équilibre entre les politiques industrielles "Made in America" de l'administration Biden et "Autonomie stratégique" de l'UE. L’Europe et les États-Unis développent également une approche différente vis-à-vis de la Chine, bien que les différences soient moindres sous le mandat de Biden que sous celui de Trump. Alors que l'administration Biden cherche à adopter une ligne unie pour faire pression sur la Chine, l'UE privilégie une approche plus pragmatique, en recherchant l'équilibre entre les valeurs politiques et les intérêts économiques. D’autre part, les États membres de l'UE expriment certaines divergences sur la manière de traiter avec la Chine. Ce contexte crée des incertitudes dans la perspective des négociations commerciales transatlantiques.