Les prix du transport routier de marchandises en Europe ont terminé l’année 2021 à un niveau record, sous l’effet conjugué d’une demande dynamique et d’une forte hausse des coûts.
L’indice Ti/Upply des prix du transport routier en Europe n’en finit pas de battre des records. C’est encore le cas au 4è trimestre 2021, où cet indice atteint son plus haut niveau à 108,3. Cela correspond à une progression de 1,1 point par rapport au trimestre précédent et de 3,2 points en glissement annuel, précise le dernier Benchmark des taux de fret routier publié par Transport intelligence (Ti), Upply et l’IRU.
Source : Ti/Upply - NB : Nos estimations de prix sont basées sur des transactions réelles. L’épidémie de Covid-19 et son impact sur le niveau d’activité rendent la collecte des données plus complexe. L’indice pourra donc faire l’objet de révisions au fur et à mesure que de nouvelles données seront intégrées dans la base Upply.
Une économie dynamique malgré le rebond pandémique
Le quatrième trimestre de l’année correspond traditionnellement à une période de hausse des prix, car la demande est forte à l’approche des fêtes de fin d’année. La nouvelle vague de Covid-19 qui s’est déclenchée avec l’apparition du variant Omicron aurait pu conduire à une inflexion de la consommation mais il n’en a rien été. La pandémie est désormais gérée plus finement, et ce nouveau variant n’a pas conduit à un blocage des économies européennes.
Par ailleurs, la demande reste très forte dans le secteur manufacturier, car les pays sont toujours dans une phase de rattrapage après le plongeon du 2ème trimestre 2020. Même si cette reprise est en partie freinée par des pénuries de matières premières, elle suffit à tirer les prix du transport routier vers le haut.
Un déficit de capacités
Cette augmentation des prix est également alimentée par la tension qui règne sur le marché en termes de capacités. Les transporteurs routiers sont confrontés en premier lieu à une pénurie de conducteurs qui ne cesse de prendre de l’ampleur. De nouvelles données de l’IRU sur la base d’enquêtes menées en 2021 sur l’état de la pénurie de conducteurs en Europe révèlent un déficit allant jusqu’à 100 000 postes au Royaume-Uni et atteignant plus de 60 000 en Allemagne et en Pologne.
D’autre part, les transporteurs éprouvent des difficultés en matière de renouvellement ou extension de leurs flottes de véhicules. La production de poids lourds est en effet ralentie par les pénuries de composants.
Une flambée des coûts
Enfin, l’augmentation des prix de transport s’explique aussi par la véritable explosion des coûts, que les transporteurs routiers tentent, au moins partiellement, de répercuter. Les marges du secteur étant relativement faibles, il en va de leur survie.
Tout d’abord, les transporteurs enregistrent une violente hausse des prix du carburant. Représentant un tiers du total des coûts d'exploitation du transport, les prix du diesel ont terminé l'année 2021 sur une hausse d'environ 25 % par rapport au début de l'année dans les pays de la région, notamment en Espagne, en Allemagne et en France.
D’autre part, le manque de main d’œuvre en général, et de conducteurs en particulier, favorise une augmentation des rémunérations. La pression est d’autant plus forte que les salariés subissent eux aussi les conséquences de l’inflation générale, ce qui encourage les revendications salariales.
Pas de baisse des prix attendue début 2022
Cette tension permet d’estimer que la hausse des taux de fret est partie pour durer. "Le contexte de demande élevée et d’offre restreinte semble devoir se maintenir au cours des prochains mois, ce qui devrait protéger les taux d'une baisse traditionnelle au premier trimestre par rapport aux niveaux de la haute saison", souligne Nathaniel Donaldson, analyste économique chez Ti.
"La hausse des taux de fret routier en Europe ne montre pas de signes de relâchement", confirme Thomas Larrieu, directeur général d’Upply. "En France, l'augmentation des prix devrait également se poursuivre, mais la situation restera compliquée pour les transporteurs routiers, confrontés à un triple défi : l'envolée du prix du carburant, la pénurie de chauffeurs qui tire également les salaires vers le haut et la difficulté à renouveler ou étoffer leurs flottes de poids lourds. Si l'on ajoute à cela l'arrêt progressif des aides gouvernementales accordées pour absorber le choc de la pandémie de Covid-19, on comprend que le marché évoluera dans un contexte économique très incertain, même si la demande reste dynamique", conclut Thomas Larrieu.
POUR EN SAVOIR PLUS
> Voir le webinar (en anglais)
> Télécharger le rapport IRU / Transport Intelligence / Upply sur les taux de fret routier européens au 4ème trimestre 2021 :