DOSSIER. Le "Tour de France Upply du transport et de la logistique" s’achève en Ile-de-France. Par sa connectivité, son poids économique et l’importance de sa population, cette région joue un rôle logistique clé.
"La nouvelle carte des régions françaises, née de la loi du 16 janvier 2015 relative à leur délimitation, ne devrait pas conduire à une dilution de la région Île-de-France, ni au sein de l’Hexagone, ni au sein de l’Union européenne. Avec un PIB proche de celui des Pays-Bas, la région-capitale conserve un rôle particulier au sein de l’économie nationale, notamment à l’échelle internationale, où son rôle de porte d’entrée s’avère plus que nécessaire dans une économie devenue globalisée et compétitive". Cette introduction d’une étude sur "les trajectoires de l’économie francilienne", conduite en 2016 par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), pose d’emblée le poids de l’Ile-de-France dans l’économie nationale.
Des infrastructures majeures
L’Ile-de-France compte 8 départements. Elle se caractérise par une très forte densité de population et occupe le 1er rang national en nombre d’habitants. L’importance de ce bassin de consommation suffit déjà à en faire une zone stratégique pour les activités logistiques. Pour ne citer qu’un exemple, le marché d’intérêt national de Rungis est le premier marché de produits frais du monde : "2,6 millions de tonnes de produits transitent, s’échangent dans les pavillons ou sont stockés dans les entrepôts", souligne l’IAU. "La grande distribution occupe une place très importante en Ile-de-France. D’autre part, l’importance de ce bassin de consommation porte également le développement du e-commerce", renchérit Philippe Munier, délégué régional IDF, Centre et Ouest de l’Union TLF.
La fonction logistique de l’Ile-de-France dépasse très largement les frontières régionales. Le territoire bénéficie d’un réseau routier très dense, qui lui permet d’être relié efficacement à tous les principaux centres européens. L’Ile-de-France est également dotée d’un maillage fin en matière de fret ferroviaire, ainsi que d’un réseau fluvial régional qui lui permet de revendiquer le 2è rang en Europe, avec 70 ports et 10 plates-formes multimodales répartis sur 500 km de voies navigables. "Gennevilliers est la première plate-forme portuaire de France, et le projet Port Seine-Métropole Ouest (PSMO) situé sur la plaine d’Achères, à l’ouest de Paris, pourrait à terme compléter le réseau de plates-formes", détaille l’étude de l’IAU.
Enfin, en matière d’échanges internationaux, l’Ile-de-France s’appuie sur la proximité de portes d’entrée majeures, comme Le Havre ou Anvers pour le maritime ou encore l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, 1ère ou 2è plate-forme européenne dans le secteur du fret aérien selon les années.
En tant que bassin de consommation important et plaque tournante européenne, l’Ile-de-France attire les flux de marchandises. Mais il ne faudrait pas oublier qu’elle est aussi une zone de production, même si elle n’a pas échappé au déclin général de l’industrie en France. Selon l’Insee, l’industrie francilienne employait près de 460 000 personnes fin 2015, soit 14,1% de l’emploi industriel en France métropolitaine. Elle se situe ainsi au 2è rang national derrière la région Auvergne Rhône-Alpes.
L’Ile-de-France se distingue notamment dans des secteurs comme l’automobile, les produits informatiques, électroniques et optiques, les industries chimiques, l’énergie, ou encore les industries agro-alimentaires autour de trois filières majeures : la boulangerie/pâtisserie industrielle/fabrication de pâtes, la fabrication de boissons, et la transformation/conservation/préparation de viande.
L’Ile-de-France constitue également une grande région agricole, même si là encore, l’emploi y est faible par rapport au secteur tertiaire. La région se distingue par l’importance des grandes cultures, et en particulier du blé. Outre les céréales, elle produit aussi des fruits et des légumes.
De nouveaux enjeux en matière d’implantations logistiques
Selon L’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé par le Service de l’Observation et Statistiques (SOeS) du ministère des Transports, la région Ile-de-France occupait en 2015 la première place au classement national en nombre d’entrepôts de plus de 5 000 m², avec 646 implantations. Sur les 60 aires logistiques dites "denses", c’est-à-dire comptant au moins 10 EPL (entrepôts ou plates-formes logistiques), 13 se trouvaient en Île-de-France. "La principale se situe au nord de Paris et s’étend sur un arc d’une vingtaine de kilomètres entre Gennevilliers et Tremblay-en-France. Elle regroupe 120 EPL de plus de 5 000 m²", précisait le SOeS. La deuxième, avec une quarantaine d’EPL de plus 5 000 m², est localisée au niveau de l’intersection des autoroutes A4 et A86, au sud-est de Paris.
Comme le souligne une étude de la DRIEA d’Ile-de-France consacrée au renouvellement du parc d’entrepôts, la dynamique logistique en Ile-de-France est ancienne. "Elle date du développement de l’industrie et du commerce. Mais ce développement s’est accéléré à partir des années 60, avec un déploiement du parc d’entrepôts, surtout en proche couronne. Ensuite, sous l’effet de l’externalisation des activités logistiques mais aussi du développement des infrastructures routières, le parc d’entrepôts franciliens s’est renouvelé et déconcentré en grande couronne depuis la fin des années 1990, atteignant un total d’environ 17 millions de m²".
La surface moyenne s’élève à 19 300 m² contre 17 590 m² pour la moyenne nationale. Pour répondre à la demande croissante en matière de transport de marchandises, la production d’entrepôts depuis 2010 est estimée à environ 680 000 m²/an. Cette expansion va même aujourd’hui au-delà de la grande couronne. "Entre 2010 et 2013, la construction s’est effectuée à 68 % au-delà de la Francilienne", souligne l’étude l’IAU.
Aujourd’hui, de nouveaux enjeux apparaissent. "Le bassin de consommation reste centripète. (...) Dans la zone dense, avec l’envolée de la vente en ligne et des livraisons qu’elle génère, la logistique du dernier kilomètre est un enjeu majeur du fonctionnement métropolitain. Des centres de distribution et des plates-formes localisées en zone urbaine au plus près des lieux de consommation doivent être prévus, et la logistique mieux intégrée dans les projets urbains", préconise l’IAU. Les initiatives se sont multipliées dans ce domaine ces dernières années, mais la percée fulgurante du e-commerce décuple les besoins.
Par ailleurs, l’Ile-de-France doit veiller à préserver sa compétitivité logistique. "L’aménagement des territoires est un levier pour renforcer l’activité logistique, particulièrement pour l’Île-de-France en lien avec Le Havre, dans le cadre de la vallée de Seine ou, à l’avenir, le nord de l’Europe avec le projet de canal Seine-Nord", illustre l’IAU.
Une balance commerciale très déficitaire
Cette connectivité est d’autant plus importante que l’Ile-de-France arrive de loin en tête des régions française pour les échanges internationaux, à l’import comme à l’export. En revanche, sa balance commerciale est très déficitaire, avec 104,2 milliards d’euros d’exportations pour 150,3 milliards d’importations, ce qui s’explique notamment par l’importance de sa population. "Les produits les plus exportés reflètent les spécialisations de l’industrie francilienne (automobile, aéronautique et pharmacie) et l’importance de la région dans le domaine du luxe (cuir, parfums, cosmétiques etc.)", précise l’IAU.
Source : Douanes
L’Ile-de-France commerce principalement avec l’Europe, qui représente 58 % des exportations et 63 % des importations. Mais la région se distingue aussi par le poids des États-Unis et de la Chine. Les échanges avec ces deux pays sont par ailleurs marqués par un fort déficit commercial.
Source : Douanes
La Région Ile-de-France en chiffres
- 12 012 km²
- 1 287 communes, 8 départements (Paris, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Yvelines)
- 1 métropole (Métropole du Grand Paris, 20 communautés d’agglomération, 30 communautés de communes)
- 12,2 millions d’habitants (19% de la population française, 1er rang national) – Source Insee.
- PIB de 669 milliards (31% du PIB national, 1er rang national) – Source Insee (2015)
- 7 169 établissements employeurs dans l’activité Marchandises, dont 5 240 établissements de transport routier de marchandises au 31 décembre 2018 (source : rapport régional OPTL 2019)
- 1ère région exportatrice et 1ère région importatrice en 2019
- Réseau routier : 38 366 km de routes, dont 2% d’autoroutes - Source : Autorité de régulation des transports (ex-ARAFER)
Les trajectoires de l’économie francilienne, constats et enjeux, Institut d'aménagement et d'urbanisme
Le renouvellement du parc d’entrepôts en Ile-de-France, Direction régionale et interdépartementale de l’Équipement et de l’Aménagement (DRIEA) d’Ile-de-France