Les prix de transport routier en France ont légèrement baissé en décembre 2020, selon notre baromètre Upply. La demande a pourtant été satisfaisante, mais beaucoup de transporteurs sont en situation fragile.
Le trinome Prix / Transactions / Trajet moyen affiche une baisse généralisée en décembre 2020 dans notre base de données Upply.
- Les prix de transport en France affichent une baisse de 0,3% par rapport à novembre 2020, et de 3,8% sur un an. Cette légère diminution constatée en décembre vient enrayer la dynamique que nous avions constatée en novembre, qui collait à celle du e-commerce.
- Le volume des transactions est également en baisse de 6,2% par rapport à novembre 2019. Un pourcentage à relativiser, toutefois, car cette réduction du nombre de transactions en décembre par rapport à novembre est une tendance habituelle du marché.
- La distance moyenne des trajets enregistrés dans la base Upply continue de baisser (-4% en décembre). En cette période de fin d’année, on peut estimer que cette tendance illustre la vigueur du secteur de la livraison régionale.
Source : Upply
Une demande dynamique en décembre
La France est sortie du reconfinement le 28 novembre 2020 pour une réouverture de tous les magasins non essentiels hormis les restaurants et les bars. Cet assouplissement des mesures de restrictiction sanitaires a créé les conditions d’un rebond économique, amplifié par le rush des courses de fin d’année.
L’indicateur de climat des affaires, édité par l’INSEE, a augmenté de 12,4 points (voir tableau ci-dessous) : les chefs d’entreprises ont clairement salué cet appel d’air en se montrant nettement plus optimistes sur l’évolution de l’activité pour les trois prochains mois.
Ce mouvement s’observe dans tous les secteurs interrogés en décembre (industrie manufacturière, services, bâtiment et commerce de détail). Le commerce de détail est bien évidemment le secteur où le sursaut est le plus spectaculaire (+13 points). Dans un secteur clef, celui du bâtiment, Pierre-André de Chalendar, Pdg de Saint-Gobain a annoncé sur la chaîne éco de Boursorama, que "le carnet de commande des artisans est plein". Il a observé qu’ils avaient "continué à travailler comme si de rien n’était entre Noël et Nouvel An, ne respectant pas la trêve habituelle".
Dans ces conditions, la demande de transport s’est bien maintenue. Certes, le volume des transactions enregistrées sur la base Upply est en baisse sur un mois de 6,2%. Mais cette contraction correspond à un mouvement classique : les années précédentes, le mois de décembre montrait des chutes de volumes supérieures, dues à la fameuse "trêve des confiseurs". Il semble donc qu’en 2020, les 24 premiers jours du mois ont été forts et le déclin moins brutal ensuite.
Des transporteurs en difficulté
La FNTR a publié le 29 décembre 2020 une enquête relative à l’impact de la crise sur les entreprises du transport routier de marchandises. Le constat est accablant : baisse d’activité, réduction de chiffre d’affaires, hausse des coûts. "Le secteur termine l’année de façon assez morose. Plus de la moitié des chefs d’entreprise du secteur ne sont pas confiants dans l’avenir. Un état d’esprit qui se traduit directement par une baisse des prévisions en matière d’investissements et de recrutements en 2021".
La perte de chiffres d’affaires est liée à deux facteurs : une contraction de l’activité pour une part et une baisse des prix de transport d’autre part. Les petits transporteurs (moins de 10 salariés) sont les plus touchés : ils n’ont pas les moyens de résister aux rouleaux compresseurs que constituent les appels d’offres lancés par les grandes centrales d’achats de transport.
Parallèlement, les coûts augmentent. L’indice CNR LD EA hors gazole (voir tableau ci-dessous), qui représente l’évolution des coûts de fonctionnement d’un ensemble articulé en longue distance, gazole non compris, est biaisé en cette année 2020, car il ne comprend pas (encore) les incidences économiques du traitement de la Covid-19. La hausse de 0,7% sur un an est donc très certainement sous-évaluée. De plus, les pertes d’exploitation dues aux kilomètres à vide ou à la désorganisation générale de la chaîne de transport viennent grever un peu plus les comptes d’exploitation.
En 2020, les transporteurs ont enfin vu leur utilité reconnue du grand public, parmi les "héros de la seconde ligne". Tiraillés entre un chiffre d’affaires qui diminue et des coûts qui augmentent, beaucoup vivent d’autant plus mal le sentiment d’être du côté des perdants de la pandémie.
LES PRINCIPAUX INDICATEURS
Source : Insee, CNR