La perturbation des liaisons aériennes consécutive à l’épidémie de Covid-19 engendre des difficultés pour les relèves d’équipage dans le transport maritime. Afin de préserver les économies portuaires et la continuité des chaînes logistiques, il est urgent de trouver des solutions.
Le vendredi 1er Mai, dans les rades et les ports de commerce du monde entier, les navires ont simultanément faire retentir leurs sirènes dans une symbolique d’urgence absolue. C’est un coup de projecteur indispensable et légitime sur une profession prioritaire pour nos économies ralenties, mais pas totalement paralysées.
Aujourd’hui, plus de 150 000 marins dans le monde attendent à bord d’être relevés, pour certains depuis plusieurs mois. Une immense partie d’entre eux cumulent des périodes de service longues qui ont déjà été prorogées dans le cadre d’arrangement au cas par cas avec les directions de la flotte de leurs compagnies.
Sur un plan intra-européen, au sein de l’espace Schengen, des actions concrètes ont été entreprises pour faciliter les relèves, ce qui est très positif. En revanche, la question reste encore très complexe dès que ces relèves concernent l’espace Hors Schengen, suite à l’arrêt quasi-total des vols commerciaux intercontinentaux.
Des personnels de "deuxième ligne" indispensables
Il est impératif de trouver des solutions d’urgence afin de pouvoir relever ces personnels de la "deuxième ligne" qui contribuent directement à la chaîne d’approvisionnement, par exemple avec des affrètements aéronautiques prioritaires massifiés entre les employeurs via des hubs. La Chambre internationale de la marine marchande (ICS, International Chamber of Shipping) et l’Association du transport aérien international (IATA) font d’ailleurs cause commune sur ce sujet. Dans un communiqué conjoint publié le 15 avril, elles en appellent aux gouvernements pour faciliter les relèves d’équipage en désignant un nombre limité d’aéroports dédiés à ces mouvements. "Naturellement, les plates-formes choisies devraient se situer à proximité des grandes liaisons maritimes internationales et proposer des connections aériennes directes avec les principaux pays de résidence des marins, comme la Chine, l’Inde, les Philippines, ou encore avec un certain nombre de destinations en Europe de l’Est et de l’Ouest", précise le communiqué.
L’ICS et l’IATA travaillent avec l’Organisation de l’aviation civile internationale et l’Organisation maritime internationale pour élaborer à l’attention des gouvernements des recommandations qui permettront de mettre en place des protocoles standardisés garantissant à la fois la fluidité des opérations logistiques et le respect de conditions sanitaires évitant la propagation du Covid-19.
Une question de sécurité
Au-delà de l’efficacité de la supply chain, cette question des relèves d’équipage est aussi un enjeu de sécurité. La détresse psychologique et affective découlant de ce confinement à bord interminable peut impacter très négativement l’organisation du travail et la sécurité des opérations.
La stigmatisation des marins comme vecteurs "évidents" de Covid est également fort malvenue. Non seulement ils ne peuvent pas rentrer librement chez eux, mais en plus on a tendance à les considérer comme des pestiférés potentiels, "vecteurs privilégiés" de la maladie.
Enfin, j’ai envie de dire que l’offre maritime étant déjà volontairement très contactée, il n’est pas nécessaire de fournir aux compagnies maritimes un "prétexte" supplémentaire de mise à l’ancre de navires, alors qu’il est plus que temps de donner des signes fort de reprise économique et de consommation.