De nouvelles règles du jeu sont en passe d’être fixées par les compagnies maritimes à l’occasion de l’ouverture de la saison des appels d’offres annuels dans le transport conteneurisé.
Dans le transport maritime conteneurisé, la saison des appels d’offres s’ouvre en général au début de l’automne, pour s’achever au plus tard au mois de juin de l’année suivante. Habituellement, une "prime" est accordée par les compagnies maritimes aux "early birds", c’est-à-dire aux chargeurs qui sont les premiers à engager la renégociation annuelle de leurs contrats. En contrepartie d’une rentabilité plus faible à l’unité, les compagnies engrangent en effet de la visibilité sur leurs fonds de cale pour l’année à venir.
Cette règle a prévalu fin 2020, lors de la précédente saison des appels d’offres. Parmi les premiers chargeurs qui renégociaient, certains ont accepté à l’époque 20% d’augmentation par rapport aux conditions de 2019. Le marché a démontré par la suite que ce calcul avait été le bon. Ceux qui ont joué l’attentisme et fait traîner les négociations jusqu’au premier semestre 2021 ont vu les +20% se transformer en +50% voire +80% en fin de saison !
Le contexte des négociations 2021-2022
Pourtant, cette année, la nouvelle saison des appels d’offres risque fort de ne pas donner raison à ce scénario de la prime aux "early birds" pour plusieurs raisons :
- Le rapport de force favorable aux compagnies s’inscrit maintenant dans la durée.
- Le recours aux commissionnaires de transport risque de ne plus être un plan B pour les grands chargeurs directs.
- Les compagnies vont favoriser des contrats plus longs et des offres de services élargies.
- Les alternatives au maritime plafonnent sur le plan des capacités.
- La mise à disposition des conteneurs devient un problème structurel, qui alimente la tension du marché.
Le contexte n’est donc clairement pas favorable aux expéditeurs. Cependant, quelques leviers susceptibles de réduire un peu la tension sur le marché ne sont pas à négliger :
- La Chine, le Vietnam et plus généralement l’Asie du Sud-Est rencontrent des difficultés de production actuellement, et peut-être dans la durée.
- Les coûts logistiques et transport deviennent supérieurs à la valeur de la marchandise transportée dans de plus en plus de cas ou atteignent un niveau difficilement supportable pour pouvoir dégager une marge.
- La mise en ligne de nouveaux navires plus grands est prévue dans les trois grandes alliances maritimes, en compensation du départ d’unités plus petites.
- L’inflation dans les pays occidentaux et des relocalisations continentales peuvent freiner la surchauffe que l’on constate sur la demande de produits en provenance d’Asie.
- Des approches de régulation du marché peuvent se concrétiser, sous l’angle du service à fournir aux chargeurs par les compagnies, dans l’esprit du Shipping Act Américain.
Pour en savoir plus, consultez notre analyse détaillée.
Au sommaire :
- Les marges de manoeuvre des commissionnaires de transport
- Les alternatives au transport maritime
- Bilan de la tension sur le marché
- Position des instances de régulations